Gaston Balande
Sa vie
Les grands-parents de Balande, Monsieur et Madame Blandin, née LIS d’une famille de l’Eguille, tiennent à Saujon, l’hôtel de la Gare. Leur fille a une liaison avec le chef de gare, déjà marié et père d’un enfant. Elle tombe enceinte. Pour échapper au scandale, ils s’enfuient à Madrid où elle met au monde, le 31 mai 1880 un fils prénommé Gaston. Elle avait 18 ans. Sans ressources à Madrid, elle regagne seule avec son fils le domicile de ses parents. En 1891 elle se marie avec Balande qui reconnaît Gaston ainsi qu’un deuxième enfant, Jean, de quelques années plus jeune que lui.
Gaston Balande conservera toute sa vie un goût amer de cette naissance. Ce qui l’amènera à avoir une enfance triste et le plus souvent solitaire. Il trouve un dérivatif en crayonnant des dessins qui très tôt révéleront de sa part un talent certain qui fut remarqué dès 1890. Il fait ses études primaires chez les Frères des Ecoles Chrétiennes qui avaient alors une école à Saujon, rue Pierre de Campet, dans l’immeuble où furent installés plus tard l’école publique de garçons et la bibliothèque municipale.
Après avoir passé son certificat d’études, il est placé en apprentissage chez un huissier puis chez un carrossier où il repeindra les automobiles endommagées. Il travaille ensuite chez un certain Paillard, peintre décorateur à La Tremblade. Puis en juin 1898 il exerce à Cholet chez un réparateur de tableaux anciens. Il y apprend l’histoire de l’art ; prend goût à la peinture artistique et décide d’y faire carrière.
De retour à Saujon il expose dans le restaurant de sa famille des esquisses que remarque un prêtre de Royan, l’abbé Coutureaud, lui-même peintre et élève d’Harpignies. Il s’intéresse à Gaston qu’il fait travailler dans l’atelier qu’il tient à Royan.
1900
Il va avec sa famille à Paris pour visiter l’exposition universelle. L’abbé Coutureaud profite de ce voyage pour le présenter à Harpignies qui lui promet une brillante carrière d’artiste peintre. Il s’installe alors à Paris où ses conditions de vie sont particulièrement difficiles. Il y exerce des emplois modestes et peu rémunérés et vit dans la gêne. Il se présente au concours des Arts Décoratifs. Il échoue. Découragé il retourne à Saujon ; il se représente néanmoins l’année suivante ; cette fois, il est reçu. Il effectue son service militaire comme infirmier d’abord à Bordeaux, puis à La Rochelle et le termine enfin au Val de Grâce à Paris. Il profite du temps libre dont il peut disposer pour suivre des cours de peinture dans l’atelier de Fernand Cormon. Il est alors victime de troubles pulmonaires pour lesquels il est réformé et retourne à Saujon où il passe sa convalescence. C’est au cours de ce séjour qu’il rencontre Claire Roux, originaire du Gua avec laquelle il s’installe à Paris où l’un et l’autre exercent de petits emplois qui lui permettent de poursuivre ses études de peinture aux Arts Décoratifs et dans l’atelier de Cormon qu’il fréquente à nouveau ainsi que dans ceux de J.P. Laurens et de Rupert Bunny.
Son talent se confirme et est très vite et très régulièrement reconnu. Il expose au Salon des Artistes Français en 1905 ; il y reçoit le prix Edmond LEMAITRE décerné par l’Institut pour une toile intitulée » Quai d’Orsay « . Etant attiré par la peinture des paysages et plus particulièrement des paysages de mer, il installe à Etaples un atelier qu’il conservera jusqu’en 1913 où il peindra des scènes de pêche. Il expose régulièrement et obtient à chaque exposition des récompenses.
1906 -1910
1906 Il reçoit les encouragements de l’Etat et un prix de 1 000 francs.
1907
Sa toile » Le départ pour la pêche » est couronnée du prix Marie Bashkirtseff et il est gratifié d’une mention honorable pour l’ensemble de son œuvre. En 1908, il reçoit une médaille de 2e et 3e classe.
1910
Il est à Saujon lorsqu’a lieu, le 14 août dans la matinée, une des plus grandes catastrophes de chemin de fer d’avant la première guerre mondiale. Il participe aux secours et commémore cet événement dans une toile d’une rare qualité qui fait partie de la collection qu’il a laissée à la ville où s’est passée son enfance. L’année suivante il est classé hors concours pour » L’arrivée au quai » qui est acheté par l’Etat.
1912
Il gagne une bourse de voyage pour couronner 2 toiles particulièrement remarquées » Le mât de cocagne » et » Retour de pêche » qui fait, elle aussi, partie de la collection de Saujon. Avec cette bourse il fait un voyage en Belgique, en Hollande, en Espagne et en Afrique du Nord, notamment au Maroc. Il en rapporte plusieurs toiles dont » L’asile de vieillards à Tolède » exposée à Saujon dans la salle du Conseil Municipal. Il voyagera également en Italie où sous l’effet des œuvres qu’il y voit, sa palette s’éclaircira en réduisant les tons sombres de sa manière antérieure confortée par son contact avec la peinture espagnole au profit de couleurs plus lumineuses avec une prédominance des tons jaunes qu’il conservera jusqu’à la fin de sa vie.
A la déclaration de la guerre, il s’engage comme infirmier bénévole à l’hôpital de la Croix Rouge à Saujon. Il y fera de nombreuses esquisses de soldats blessés et morts ; il en a légué un certain nombre à la ville de Saujon. L’hôpital de la Croix Rouge était installé dans les anciens locaux de l’école des Frères des Ecoles Chrétiennes où il avait fait ses études primaires et qui étaient devenues la propriété de la commune après la séparation de l’Eglise et de l’Etat en 1905.
1917-1918
1917
L’administration des Beaux-Arts le charge, dans l’intention de contribuer à l’histoire de la guerre, d’une mission aux armées pour peindre sur le vif les scènes de guerre les plus spécifiques. Il va à Nieuport en Belgique et à Verdun d’où il rapporte plusieurs toiles particulièrement émouvantes et évocatrices dont un critique d’art de l’époque, Léonce Benedite, a dit qu’il » s’y trouvait la couleur morale des choses « .
1918
Une exposition de ses œuvres a lieu pour la première fois à La Rochelle. C’est au cours de cette exposition que se promenant dans les environs pour y peindre les paysages qui lui semblaient les plus caractéristiques de cette région qu’il a trouvé à Lauzières, près de Nieul sur Mer et à proximité du petit port du Plomb, la maison dont il fera sa demeure charentaise. Il l’aménagea progressivement, l’agrandissant d’année en année et y annexa un jardin qu’il combla de fleurs de couleurs vives comme il les aimait, ainsi qu’un atelier afin de pouvoir y peindre aisément quand il y demeurait.
Il y passera une grande partie de sa vie qui est désormais partagée entre sa résidence parisienne du boulevard Arago et cette maison de Lauzières. En raison de cette installation à Lauzières il a abandonné son atelier d’Etaples où il n’était pas allé depuis 1913. Quand il revint pour s’en séparer, il le trouva en fort mauvais état à la suite de ces années d’abandon, ce qui lui épargna de regretter la décision qu’il avait prise.
1919
Il est à nouveau envoyé en mission en Allemagne. Il va dans le Palatinat pour y développer les liens culturels entre la France et la Rhénanie. Il y peint de nombreux paysages qui sont exposés localement et sont vivement appréciés.
Sa notoriété s’accroît. Il est nommé secrétaire du Salon d’Automne auquel il expose régulièrement. Il expose également au Salon des Indépendants à partir de 1920 et en 1923 il est nommé président du » Nouveau Salon « . Deux ans plus tôt l’une de ses toiles » Les beaux jours d’été » a été retenue pour faire partie de l’exposition permanente du musée du Luxembourg consacrée à l’art moderne ; elle y restera jusqu’à l’exposition universelle de 1937 à l’occasion de laquelle fut créé le Musée d’Art Moderne.
1925
La manufacture des Gobelins décide de faire une série de tapisseries consacrées aux provinces françaises. Les cartons sont commandés aux peintres les plus appréciés de l’époque. Le carton sur le Quercy est confié à Gaston Balande qui peindra » Le pont de Valentré à Cahors « .
Cette même année a lieu à Bruxelles, du 28 mars au 8 avril, une exposition placée sous les auspices de la Société Royale des Beaux-Arts qui lui est consacrée. Elle est organisée par un comité Gaston Balande présidé par Jules Destrée et qui compte parmi ses membres, certaines des personnalités les plus éminentes du pays tels que la Comtesse Jean de Mérode, le Duc d’Ursel, Monsieur Carton de Wiart. Cette exposition a reçu la visite de la reine Elisabeth et de l’Ambassadeur de France. C’est également en 1925 qu’il est nommé Chevalier de la Légion d’Honneur et qu’il achète une ferme à Senneville où il installe un atelier avec, comme à Lauzières, un jardin richement fleuri qui lui servira de modèle pour les tableaux de fleurs qu’il apprécie tout spécialement.
L’année suivante il expose à Milan et à Genève et est nommé professeur à l’Académie Jubert, fonction qu’il exercera jusqu’en 1932.
1931
Il est nommé Conservateur du musée de peinture de La Rochelle. Dans l’édition du 30 septembre 1936 du journal local « Le rêve et la vie » il y consacre une étude très documentée. Il y raconte l’histoire du bâtiment dans lequel est installé le musée puis il décrit la collection s’attachant à parler plus spécialement des œuvres les plus remarquables. Il y signale que la collection contient une peinture sur bois de Giotto, une autre de l’école primitive Flamande, une toile attribuée à Poussin, un tableau de Lesueur, plusieurs œuvres hollandaises dont l’une traite du siège de La Rochelle, de très belles toiles du XVIIIe et du XIXe siècles parmi lesquelles sont des œuvres de Tocqué, de Corot, des peintres rochelais Brossard, Bouguereau, Chasseriau, des tableaux de Gustave Doré, de Français, de Henner ainsi que de nombreux artistes du début du XXe siècle. Il termine en souhaitant que le public rochelais prenne goût à venir voir cette très belle collection et que lui-même parviendra durant le temps qu’il en restera le conservateur à la rendre encore plus attrayante. Il conservera ce poste jusqu’en 1954.
Balande est désormais un artiste confirmé qui poursuit une œuvre abondante, participe à de nombreuses expositions et reçoit des commandes officielles.
Toujours en 1931, il est chargé de décorer l’hôtel de ville d’Aubervilliers. Il y peint 2 fresques dont l’une intitulée « L’offrande » orne la salle des pas perdus. Elle évoque l’époque où Aubervilliers était réputé pour la culture des fleurs. Au premier plan trois femmes offrent à l’Ile de France, un superbe bouquet de fleurs tandis que les autres villes de la province lui apportent chacune un don. A l’arrière plan se détache sur une colline qui domine un méandre de la Seine, un couple d’amoureux qui représente l’avenir. L’autre fresque est consacrée à la famille et au travail, deux engagements auxquels Balande était très attaché.
1933-1935
1933
Il est choisi pour être professeur à l’école américaine des Beaux-Arts de Fontainebleau où il dirigera jusqu’à la déclaration de guerre, le département de peinture de paysages, poste qu’il appréciera tout particulièrement et dont il a dit » c’est le vrai bonheur « .
1935
Il est chargé de décorer le paquebot « Normandie » pour lequel il peint une toile sur « Etretat » ainsi que le paquebot « De Grasse » pour lequel il peint le « portrait de l’Amiral de Grasse ».
L’année suivante la décoration du Ministère de la Marine lui est confiée et en 1939, il fait un voyage en Grèce dont il rapporte de nombreuses toiles sur les principaux sites archéologiques et sur les paysages qu’il a le plus appréciés. Son voyage a été facilité par une recommandation dont il a bénéficié auprès d’un sculpteur éminent, Monsieur Dimitriades, qui était directeur de l’académie des Beaux-Arts. Il l’a accueilli avec beaucoup de bienveillance et a mis à sa disposition un atelier dans lequel il a pu travailler dans des conditions particulièrement agréables et efficaces.
Rentré en France, ayant compris que la guerre était éminente, il a pris, en accord avec Monsieur Léonce Vieljeux, maire de La Rochelle, des dispositions pour mettre à l’abri la collection du musée de peinture. Quand la guerre éclata, il était à Senneville. Il participa à l’exode de juin 1940 et s’installa à Lauzières où il demeura pendant toute la guerre. Il eut, peu après son arrivée à Lauzières, la douleur de perdre son fils unique André-Gaston-Paul qui, né en 1904, s’était engagé comme son père dans une carrière d’artiste peintre dont les débuts étaient prometteurs d’un brillant avenir. Il vécut très péniblement cette épreuve dont il ne se remit jamais complètement.
1940
Il réalise à l’école Pierre Loti de La Rochelle, une fresque consacrée à « L’allégorie de La Rochelle » dans laquelle il retrace l’histoire et l’activité de la ville dont il peint les monuments les plus remarquables et le portrait de ses grands personnages. Cette œuvre a été inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques en 1997 et a fait partie des sites ouverts au public à l’occasion des Journées du Patrimoine de septembre 1998 au cours desquelles plus de 300 visiteurs sont venus la voir.
Ultérieurement, il a peint le portrait de Monsieur Léonce Vieljeux peu avant son arrestation par les allemands suivie de son décès au camp de Struthof.
Après la libération, à l’occasion d’une toile représentant le Général de Gaulle haranguant la foule venue l’acclamer à La Rochelle, il en fait le portrait.
A cette époque, l’art s’oriente vers des perspectives nouvelles qui constituent une rupture radicale avec la grande tradition artistique. Balande s’oppose formellement à cette nouvelle conception. Un de ses amis nous a rapporté qu’étant un jour allé le visiter à son atelier parisien, boulevard Arago, il le trouva dans un état émotionnel impressionnant. Dés son arrivée, Balande lui dit « As-tu vu ce scandale dont je viens de prendre connaissance en lisant le journal ? Un art nouveau appelé « le bidule » serait né. Est-il possible de se moquer ainsi du public ? Dès que j’ai lu cet article, pour me libérer de ma révolte intérieure, j’ai écrit ce texte que je vais te lire. » Il le lut avec une telle passion que le sang lui montait à la tête et que son épouse, inquiète de le voir si perturbé, lui répéta à plusieurs reprises « Gaston, calme-toi, calme-toi, tant pis pour cette forme d’art que tu déplores ; si tu continues tu vas avoir une attaque ». Heureusement cela n’arriva pas mais cette anecdote révèle combien il restait attaché à l’art traditionnel qu’il ne voulait à aucun prix abandonner même si la mode le discréditait. Il en résulta que la consécration officielle dont il avait jusque-là bénéficiée s’en trouva atteinte. Cela ne l’empêcha pas de conserver le soutien et l’admiration de ceux qui appréciaient son talent. Comme cela est la règle chez les artistes de qualité, son art ne cessait d’évoluer sans abandonner pour autant les bases essentielles sur lesquelles il reposait et, en conséquence, sans troubler ceux qui jusque-là lui avaient accordé leur estime. Il peignait toujours abondamment partageant sa vie entre Paris et Lauzières, ne se déplaçant dans d’autres secteurs que pour y puiser des sources nouvelles d’inspiration.
1952
Il fut nommé officier de la Légion d’Honneur. Sa médaille lui fut remise à la salle municipale de Nieul sur Mer par un représentant du Ministre des Beaux-Arts. Un déjeuner intime avait auparavant réuni dans sa maison de Lauzières quelques amis autour de sa famille. Au cours du repas, le représentant du Ministre dit à son voisin de table en désignant du regard Gaston Balande « c’est le plus grand » voulant dire par là qu’à ses yeux il était le meilleur peintre de l’époque. Cela surprit ceux qui l’entendirent car il est certain qu’il y avait alors un grand nombre d’artistes dont le renom était très supérieur au sien.
Le sens de cette réflexion ne s’est pour beaucoup, découvert que sensiblement plus tard. Elle prend corps notamment depuis quelques années chez un certain nombre de propriétaires de galeries d’art pour qui le mérite de Balande est de n’avoir fait partie d’aucune école. De ce fait il n’a pas bénéficié de la mode qu’ont eu ces écoles. Mais cette mode ne dure pas et lorsqu’elle régresse ou même disparaît les artistes dont l’œuvre est restée conforme à leur tempérament et à leur talent personnel sont appelés à avoir un crédit croissant et ceci d’autant plus, comme c’est le cas chez Balande, qu’ils possèdent une maîtrise assurée de l’art de la peinture.
Balande en avait d’ailleurs la prescience. Il a dit peu avant sa mort à un ami venu le voir à Lauzières : « C’est affreux ; j’ai depuis déjà un certain temps la visite fréquente de marchands de tableaux qui, en raison de mon âge avancé et des faiblesses qui en résultent, veulent m’acheter des tableaux à vil prix sachant qu’après ma mort, ces toiles aujourd’hui dépréciées car elles ne correspondent pas à la mode du jour, prendront un crédit croissant lorsque celle-ci, comme toute mode aura cessé d’être. Aujourd’hui même j’ai eu la visite de l’un d’eux que j’ai mis à la porte en lui disant son fait ».
Ce changement de l’opinion générale à l’égard de sa peinture ne le touchait pas car il conservait foi dans ce qu’il faisait, convaincu que jamais rien ne pourrait jeter un discrédit durable sur l’attachement à la grande peinture traditionnelle.
Cela ne l’empêchait pas de s’intéresser à l’évolution du monde moderne et tout particulièrement au développement industriel dont il a cherché à dégager les caractères essentiels dans une perspective artistique.
C’est ainsi que dans les années 1950 et 1960, il a peint des raffineries, des ateliers sidérurgiques, des usines, … dans lesquels sont présents la vie et la couleur caractéristiques des œuvres totalement ouvertes à l’émotion artistique.
En 1955, il a peint pour une école d’Aytré, dans la banlieue de La Rochelle, une fresque consacrée aux Ateliers des Entreprises Charentaises. A la même époque il a illustré le livre d’Albert Miaux consacré au temps de l’occupation allemande et a écrit un livre sur Ré, « île accueillante » qu’il a personnellement illustré.
1957
Il a vendu sa maison de Senneville ne gardant comme résidence personnelle que son atelier parisien et sa maison de Lauzières. Le 16 février 1970 il perdit son épouse à laquelle il était demeuré très uni depuis leur mariage. Ce fut pour lui une nouvelle et rude épreuve.
Sa femme avait une sœur, Denise Roux qui partageait leur vie depuis de nombreuses années. Elle secondait sa sœur pour la tenue de leur foyer et celle des nombreuses activités administratives et relationnelles qu’entraînait sa carrière. Elle n’avait pas de ressources, ne disposant pour assurer l’entretien de sa vie personnelle que ce que sa sœur et son beau-frère lui apportaient. Balande avait 88 ans. Plusieurs amis lui conseillèrent d’épouser sa belle-sœur, non pour réaliser un mariage d’amour, mais pour lui épargner de payer des droits de succession importants s’il mourait avant elle, ses biens devant naturellement lui revenir puisqu’il n’avait pas d’héritiers directs. Il souscrit à ce geste de reconnaissance et l’épousa le 30 avril 1970 à la mairie du XIIIe arrondissement à Paris.
Le maire félicita ces nouveaux époux de s’engager dans le mariage à un âge si avancé, heureux de signaler à l’occasion quelle confiance cela représentait dans l’avenir et le bonheur. Balande après avoir entendu cet édifiant propos, se penchant vers le maire, lui dit « Monsieur le Maire, je vis une situation bien pénible ; ma femme est morte il y a quelques mois et je ne parviens pas à me faire à l’idée qu’il me faut continuer à vivre sans elle ». Fort surpris le maire le regarda sans comprendre ce que tout ce qu’il voyait et entendait, pouvait signifier.
Un an après ce second mariage, en avril 1971, il est décédé à son domicile parisien qu’il avait rejoint quelques semaines plus tôt. Il avait, en effet, passé l’hiver à Lauzières où il eut, en février, la visite d’un de ses amis de Saujon à qui il fit part du problème posé par les toiles de son atelier du boulevard Arago à Paris. Cet atelier faisait partie d’un vaste ensemble d’ateliers d’artistes aménagés sur un terrain qu’un promoteur immobilier envisageait d’acheter pour, après avoir détruit ces ateliers, construire à leur place de grands immeubles vendus par appartements. Balande ne savait où placer ces toiles dont certaines étaient trop importantes pour loger dans les locaux dont il disposait à Lauzières. Pour solutionner cette difficulté son ami lui proposa de les léguer à la ville de Saujon pour les mettre dans un musée qui lui serait consacré. Inté
DISTINCTIONS HONORIFIQUES ET FONCTIONS OFFICIELLES
Balande fait partie des artistes dont le talent a été reconnu et apprécié de son vivant. Comme nous l’avons vu plus haut, de nombreux prix et récompenses lui ont été attribués et de nombreuses responsabilités officielles confiées.
1917, il est chargé de mission par le Ministre des Beau-Arts pour peindre, sur place, des scènes de guerre afin de conserver dans une œuvre d’artiste la mémoire de ces tragiques événements.
1920, il reçoit les Palmes Académiques et est nommé Sociétaire du Salon des Indépendants.
1924, il est nommé membre du Rotary-club de Paris, distinction particulièrement honorable puisqu’à l’époque il n’y avait qu’un seul Club Rotarien à Paris et que, selon les règlements du Rotary, il ne pouvait y avoir dans chaque club qu’un seul représentant d’une activité professionnelle. La même année il est nommé sociétaire du Salon d’Automne, de la Société Nationale des Beaux-Arts, du Salon des Tuileries.
1925, il est nommé Chevalier de la Légion d’Honneur.
1926, il est nommé professeur à l’école américaine des Beaux-Arts de Fontainebleau où il est chargé de diriger le département de la peinture de paysages. Il conservera ce poste jusqu’à la déclaration de la 2e guerre mondiale.
1931, il est nommé Président du Nouveau Salon.
1931 à 1954, il est conservateur du Musée de La Rochelle.
1952, il est fait officier de la Légion d’Honneur et en 1967, Chevalier des Arts et Lettres.